LANDHOUSE
Concours d'idées d'architecture - OpenGap.net
En collaboration avec Benjamin Nicaud
2015
Projet Mentionné
UNE MAISON POUR RICHARD LONG
Imaginer une maison pour Richard Long, artiste majeur du mouvement Landart, necessite un paysage unique. Le site, appelé la réserve de Luitel (1262m d’altitude), au coeur des Alpes, est un site sauvage où personne ne vit et où la communion avec la nature est unique. La production artistique de Richard Long consiste à utiliser le cadre et les matériaux de la nature dans un but artistique. Il sillonne donc le territoire, à la recherche du lieu propice à l’expérimentation de son art. La marche est l'outil de travail de l'artiste ; elle est sa manière de penser et son matériau premier de création.
La maison de Richard Long se plie à son mode de vie particulier en créant une transition entre la grande échelle de ses marches et l’échelle réduite de l’habitat. Elle est ainsi le point de départ et d’arrivée de ses marches à travers le territoire ; elle est un point d’ancrage central, une accroche, un repère dans le territoire pour l’artiste.
Le projet propose deux types de relations au paysage, en fonction de l’état d’esprit de l’artiste, mais aussi des conditions météo ou du moment de la journée.
L'archétype de l'habitat est réduit au minimum dans un lieu central, en retrait, dans lequel l'artiste peut s'extraire du paysage et retrouver ses repères à plus petite échelle.Le reste de la maison est composé de plusieurs espaces poétiques disséminés dans le paysage.
Les bains (1) sont un espace ou l'artiste vient se ressourcer, offrant une communion directe avec la nature. Une pente douce au sein de la forêt éparse mène jusqu'au projet. En traversant le ruisseau, un parement en pierre guide jusqu’au bâti. Un soubassement crée trois espaces, couverts par des murs à ossatures bois : un bain extérieur, une douche et un bain intérieur. L'espace peut être introverti, grâce au bardage bois compact, filtrant la vue et la lumière, mais aussi extraverti, en ouvrant largement ses parois, mettant l'espace en relation directe avec la forêt qui l’entoure.
L'atelier (2) est l'espace ou l'artiste prépare ses expéditions, cartographies ses parcours, développe ses photos, réfléchit sur les explorations propres à son art. Situé au coeur d'un affleurement rocheux, en hauteur, l'accès à l'atelier se faire par une mince bande minérale, enserrée de part et d'autre par la falaise. Cet espace permet à l'artiste un certain renfermement propice à la réflexion, mais aussi une ouverture sur les éléments proches.
Le foyer (3) est l'espace central, le point de repère du projet. Son positionnement particulier, dans une clairière au sein d'une forêt dense, renforce cette idée de centralité, mais aussi de mise en retrait par rapport au site. Les dimensions particulières de ce lieu, renfermé sur soi, dirigé vers le ciel par les arbres en lisière, introduisent une première extraction du paysage. Le projet renforce donc cette idée d'encerclement, d'enfermement par une position enterrée, et un espace articulé autour d'un patio central. Cette disposition particulière induit un rapport très étroit au ciel, et place l'artiste dans un rapport cosmique.
L'archétype de la maison est réduit ici à son minimum. Il comprend un séjour, articulé autour du feu central, d'une salle d'eau, et d'une chambre. Cet espace permet à l'artiste de se retirer du paysage, pour le redécouvrir chaque matin avec un oeil neuf.
Le boudoir (4) est un espace plus poétique que fonctionnel qui se met en lien avec le mode de vie réglé sur la course du soleil de l'artiste. Orienté plein ouest, sur le grand paysage, l'espace offre un cadrage sur le coucher du soleil. Deux murs en pierre dirigent la vue dans un champ de vision restreint, accentué par la toiture bois filtrante.